La chirurgie robotique a révolutionné un grand nombre d’interventions. Nous avons rencontré le Dr Charles Chatzopoulos, chef de service de l’urologie et responsable de la chirurgie robotique au CHIREC – site Delta.
La laparoscopie constitue une avancée majeure en chirurgie et beaucoup d’interventions peuvent se réaliser sans devoir ouvrir. L’utilisation des robots en salle d’opération a encore augmenté cette tendance. La gestion du saignement lors des opérations a toujours représenté un défi en chirurgie.
Les techniques laparoscopiques et robotiques diminuent les pertes sanguines mais rendent également plus complexes les possibilités de réaction.
Bien préparé!
Le traitement des tumeurs rénales nécessitait auparavant l’ablation du rein. Aujourd’hui, dans la majorité des cas, les chirurgiens tentent de ne retirer que la tumeur et de préserver le rein en pratiquant une néphrectomie partielle. Classiquement ce type d’interventions est indiqué pour des tumeurs qui mesurent moins de 7 cm. En outre, cela dépend aussi de la localisation de la tumeur et de l’anatomie vasculaire rénale. Ces contraintes nécessitent dès lors de la part de l’équipe une extrême préparation lors de la lecture de l’imagerie CT SCAN ou IRM afin de planifier au mieux le geste chirurgical.
«Depuis peu, nous avons la possibilité pour les cas complexes de recourir à une reconstruction virtuelle en 3D . Cette visualisation en 3D nous permet d’obtenir une meilleure situation spatiale de la tumeur et de préciser ses rapports topographiques avec les vaisseaux . Nous pouvons ainsi choisir la meilleure voie d’abord et décider si un clampage vasculaire sera nécessaire et à quel niveau», explique le Dr Chatzopoulos.
En effet, lors de la tumorectomie, il faudra dans la plupart des cas interrompre le flux sanguin en clampant l’artère rénale. Idéalement, l’interruption du flux sanguin ne peut excéder les 15 minutes, ce qui requiert un geste précis et rapide. «La possibilité de réaliser un clampage sélectif d’une branche de l’artère rénale permet de davantage limiter les séquelles ischémiques au niveau du rein», précise-t-il.
Moins de complications, moins de douleurs
La laparoscopie nécessite de gonfler l’abdomen avec du CO2 afin de créer l’espace de travail nécessaire. Cette pression intraabdominale est souvent responsable de douleurs au niveau des épaules et d’une certaine paralysie de l’intestin. «Pour la chirurgie robotique, nous utilisons des appareils d’insufflation intelligente qui associés à des techniques d’anesthésie avancée permettent de réduire la pression intraabdominale de moitié, ceci diminue les douleurs postopératoires et accélèrent la récupération postopératoire.»
Fort d’une expérience de plus de 20 ans, le Dr Charles Chatzopoulos insiste sur la formation nécessaire pour mener à bien ce type d’intervention. «Dans la littérature, on estime qu’il faut un minimum de 100 interventions pour parvenir à réaliser une tumorectomie avec moins de 15 minutes d’ischémie. Il va sans dire que le taux de complications diminue également avec l’expérience.»
Pour le patient, ces interventions à l’aide d’un robot se traduisent par un temps d’hospitalisation beaucoup plus court, avec moins de cicatrices et moins de douleurs postopératoires.
«Cependant, dans chaque cas, la prise en charge et le suivi sont assurés par une équipe multidisciplinaire où sont réunis, outre l’équipe chirurgicale, des oncologues, des radiothérapeutes, des radiologues, des anatomopathologistes, des néphrologues et des nucléaristes. Ceci constitue un gage de qualité pour le patient », précise le Dr Charles Chatzopoulos. « Le rôle du médecin généraliste est fondamental, car il s’agit du premier intervenant vers qui le patient se tourne pour avoir un avis après la pose du diagnostic tumoral, puisque c’est souvent lui aussi qui est à l’origine de la demande des examens complémentaires qui ont conduit au diagnostic. C’est donc important qu’il soit informé des techniques disponibles de façon à conseiller son patient», conclut-il.
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