« A partir du 1er janvier prochain, si en tant que médecin, vous omettez d’informer votre patient suspect de syndrome d’apnées du sommeil (SAS), qu’il est inapte à conduire en l’attente d’une prise en charge thérapeutique adéquate, il (ou sa famille) pourra se retourner contre vous, voire contre l’Etat belge s’il est responsable d’un accident de roulage », indique le Dr Wulleman.
Par ailleurs, toute personne suspecte de SAS modéré ou sévère devra bénéficier d’un avis médical plus approfondi auprès d’un médecin agréé avant la délivrance ou le renouvellement du permis de conduire. Il pourra leur être recommandé de ne pas conduire jusqu’à ce que le diagnostic soit confirmé.
Il s’agit là de changements importants à la fois dans la vie des citoyens et des médecins. Or, pour l’instant, rien ne bouge, déplore le Dr Wulleman. « La Belgique est bien lotie en matière de dépistage et de traitement des SAS. Il existe de nombreux centres spécialisés dans la prise en charge des troubles du sommeil. Nous avons l’expertise, les connaissances, la technologie. Il sera nécessaire d’adapter les modalités administratives. Hélas, les politiques ne bougent pas ».
Devant cette inertie politique et la date-butoir du 1er janvier 2016 approchant à grands pas, Paul Wulleman a décidé de prendre les choses en mains. En juin dernier, il a déjà fait part à la direction générale du CHIREC de sa volonté de créer en Région wallonne un centre de référence pour l’évaluation de la somnolence des conducteurs de véhicules et de machines. « Le Centre de Pathologie Thoracique du Brabant Wallon (CPTBW) qui a son siège à l’Hôpital de Braine-l’Alleud – Waterloo (CHIREC) est en effet en pointe dans ce dossier. Nous avons un rôle capital à jouer ».
« Il s’agit d’un dossier qui me tient particulièrement à cœur, car il a des implications sociétales considérables. Personne n’a envie que demain, son enfant se fasse renverser par un chauffard qui s’est endormi au volant alors qu’il souffrait d’un SAS non diagnostiqué », ajoute le pneumologue.
Et de rappeler que les tests d’étude du sommeil réalisés la nuit, que ce soit à domicile ou à l’hôpital, sont intégralement remboursés par l’INAMI. Par contre, pour ce qui est des tests qui devront être pratiqués en journée pour évaluer la vigilance des conducteurs de poids lourds, de bus, de métro, de taxi, etc., qui devront être intensifiés à partir de l’année prochaine, aucun remboursement n’est encore prévu. « Cela va être un gros travail. Mais l’Etat belge n’aura pas le choix puisque l’Europe l’y contraint», commente Paul Wulleman.
« Les troubles respiratoires du sommeil responsables d’une somnolence perturbent la conduite automobile. Il faut les détecter notamment parce qu’ils ont une implication majeure en accidentologie. Un pourcentage élevé d’accidents mortels (30%) est lié à la somnolence au volant. Cette directive européenne doit nous inciter à être encore plus sensibilisés à ce problème et à être proactifs. Il est impératif que l’ensemble du corps médical se mobilise. Tout médecin face à un patient suspect de SAS doit pouvoir lui dire ‘STOP, vous ne conduisez plus avant la mise en place d’un traitement adéquat», conclut le Dr Wulleman.
Le Centre de Pathologie Thoracique du Brabant Wallon – qui a son siège au CHIREC – a une unité de sommeil où collaborent trois médecins spécialisés dans la prise en charge des troubles du sommeil, des neurologues, des neuropsychologues, des psychologues comportementalistes.
Docteur Paul WULLEMAN
Médecine interne – Pneumologie – Troubles du sommeil – Réhabilitation
* http://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:32014L0085&from=FR