Au Chirec, une équipe de liaison a été mise en place dans le Brabant wallon. La Dr Sophie Maes, pédopsychiatre à l’hôpital de Braine-l’Alleud nous explique son rôle.
Avec l’impact des mesures sanitaires de la pandémie, les adolescents et les jeunes majeurs peuvent être confrontés à des symptômes psychologiques tels que l’anxiété, des sentiments dépressifs, un manque de contact social ou un sentiment d’insécurité croissant. Le gouvernement fédéral a donc renforcé les équipes mobiles.
Etant donné que les institutions pédopsychiatriques sont surchargées, au Chirec, la Dr Sophie Maes, pédopsychiatre à Braine-l’Alleud, accueille désormais, depuis cet été, ce type de patient. « Deux équipes de liaisons ont été mises en place dans le Brabant wallon : l’une au départ de la « Petite Maison » à Chastres pour intervenir au sein du service de pédiatrie de la clinique Saint-Pierre à Ottignies et l’autre au départ de l’unité pour adolescent « du Domaine » pour intervenir au sein de la pédiatrie du site de Braine-l ‘Alleud. C’est une mesure temporaire qui s’arrêtera au 31 décembre qui va pallier le déficit d’encadrement face à la vague de décompensation psychosociale qui est présente depuis le mois de janvier.»
Pour elle, cette situation n’est pas une surprise : « C’est la conséquence des mesures sanitaires qui ont été prises. On savait qu’il allait y avoir des décompensations. Notre capacité de soins hospitaliers est rapidement débordée. Nous n’avons que 650 places sur le territoire. C’est trois fois moins que les soins intensifs. Nous n’avons pas la possibilité de multiplier les places. »
Sur le terrain, les besoins sont importants : « Nous sommes à la mi-septembre et l’unité pour adolescents du Domaine est pleine. Cela ne m’était jamais arrivé en 20 ans de carrière. Nous avons une demande d’hospitalisation beaucoup plus importante.»
Avec son équipe, elle apporte un soutien important : « Dans le cadre de l’équipe de liaison, il y a deux psychologues qui ont été engagées et deux éducatrices. J’ai été engagée pour 10 heures semaines. Nous gardons un lien avec les parents et les écoles. Notre but n’est pas de se substituer à une hospitalisation classique. La pédiatrie permet de les accueillir, de faire un travail de diagnostic et d’orientation. S’il y a une nécessité de prolonger un séjour, un travail de réorientation est mené. »
Elle regrette évidemment un manque d’anticipation : « Aucune mesure n’est mise en place pour cette rentrée scolaire sauf pour les enfants qui ont été victimes des inondations. Une telle mesure aurait dû être prise pour tous les élèves, une fois par semaine, par exemple, pour leur permettre de sortir de leur trauma et de s’exprimer sur la situation. »
La rentrée est évidemment un moment particulier : « En pédopsychiatrie, déjà en temps normal, nous avons des fluctuations en fonction du rythme scolaire. Traditionnellement, les unités sont très peu occupées en été. A partir de septembre et encore plus en octobre et novembre, les patients reviennent. En décembre, nous avons souvent une petite liste d’attente. Après, pendant les congés d’hiver, nous constatons un léger mieux. La demande reprend ensuite en février, mars et culmine en avril-mai parce que le stress scolaire augmente et la pression des examens arrive. »
La Dr Sophie Maes donne un exemple de prise en charge particulière: « Je rencontre actuellement des jeunes qui ont été affectés par le suicide d’un copain. C’est plus fréquent que d’habitude dans ma clinique. »
Nul doute que le travail sera très intense dans les prochaines semaines dans les services concernés…