La psychiatrie est une discipline médicale très particulière de par la complexité de l’entreprise diagnostique, la longueur des prises en charge, le peu de validité de l’évidence based medecine dans ce domaine, mais surtout de par la nécessité impérative de prendre en compte l’individu dans son ensemble et dans son individualité pour pouvoir le suivre de manière correcte.
Ces différents éléments font de la psychiatrie une médecine complexe, parfois rebutante pour ceux qui ne la connaissent pas bien, mais combien passionnante.
Le diagnostic psychiatrique est en soi une gageure. Différents systèmes coexistent dans la pratique, des modèles analytiques, aux références à la psychiatrie française pour finir par le système syndromique d’origine anglo-saxonne représente par le DSM V ou l’ICD 10 et qui constitue actuellement le système de référence. Le recours à ce système, malgré ses nombreuses imperfections, est indispensable pour pratiquer une pharmacothérapie un tant soit peu rationnelle et basée sur les études scientifiques qui toutes utilisent ce système.
La prise en compte attentive des problèmes médicaux associés est également indispensable, car ils peuvent provoquer des symptômes psychiatriques, ils ont une influence sur le pronostic et sur les nombreux effets secondaires des médicaments que nous prescrivons.
La prise en charge psychothérapeutique est le plus souvent indispensable. Elle améliore le pronostic et permet dans les bons cas d’induire des changements de fonctionnement des patients qui réduisent le risque de rechute. Ces prises en charge peuvent se faire en individuel, en famille ou en groupe et se réfèrent à différents modèles théoriques.
Le contexte social dans lequel se trouve le patient a également un impact énorme tant sur la survenue de ses troubles que sur leur persistance. Ressources financières, famille, travail, logements et réseau social sont des éléments très importants et qui ont des répercussions majeures sur la vie de nos patients.
L’hygiène de vie est le plus souvent fortement perturbée. Peu de sport, une alimentation irrégulière et un sommeil instable avec souvent une clinophilie sont autant de facteurs de risque tant psychologiques que médicaux.
Une prise en charge centrée sur le patient doit donc inclure ces multiples paramètres. C’est pourquoi nous proposons une prise en charge multiaxiale. Une évaluation psychiatrique est réalisée, attentive aux aspects somatiques pour lesquels nous collaborons fréquemment avec nos collègues somaticiens. Une référence infirmière est systématiquement mise en place. Des entretiens psychologiques sont instaurés quand c’est possible, soit individuels soit en famille. Une hygiène de vie est restaurée et une salle de sport accessible.
L’évaluation sociale est systématique. Elle permet de plus le travail en réseau qui s’avère parfois bien complexe pour les pathologies lourdes et chroniques que nous prenons en charge.
À cette prise en charge individuelle s’adjoint une prise en charge en groupe, sous formes d’activités diverses utilisant des médias artistiques (ergothérapie, groupe écriture et musique) et de groupes psychothérapeutiques. Ces derniers sont assez classiques (dépression, alcool, mémoire, parentalite) mais également plus novateurs (groupe metacognitif dans la prise en charge des psychoses et psychodrames).
Un travail d’équipe sous forme de staffs pluridisciplinaires hebdomadaires est évidemment indispensable pour coordonner ces prises en charge.
Notre optique est donc de promouvoir une prise en charge centrée sur le patient par le biais d’une pluridisciplinarité et par l’utilisation d’outils différents et complémentaires qui permettent au mieux de comprendre et d’appréhender la complexité des pathologies dont nous nous occupons.