En Belgique, les troubles cardiovasculaires sont responsables d’un tiers des décès dans la gent féminine, soit 17.000 chaque année… contre 14.000 seulement chez les hommes.
Le professeur Bharati Shivalkar, cardiologue à l’hôpital Delta à Auderghem (groupe Chirec), est spécialisée dans le domaine de l’imagerie cardiaque, des cardiopathies ischémiques et des maladies du cœur chez la femme. «Je porte aussi un intérêt tout particulier à la cardiologie préventive, puisque 70-80% des maladies cardiovasculaires peuvent être évitées par un mode de vie plus sain.» Chirec Pro l’a interrogée.
Existe-t-il encore beaucoup de malentendus concernant les maladies cardiaques chez les femmes?
Pr Shivalkar: «Absolument. Les différences entre hommes et femmes en termes de pathophysiologie cardiovasculaire et de présentation restent mal connues, ce qui débouche souvent sur un traitement suboptimal. En Belgique, un tiers des femmes meurent des suites d’un problème cardiovasculaire, ce qui représente 17.000 décès chaque année… contre 14.000 chez les hommes.»
Avez-vous un message à faire passer aux généralistes?
Pr Shivalkar: «Le profil de risque cardiovasculaire évolue fortement autour de la ménopause, et il est important d’évaluer soigneusement les plaintes liées à celle-ci pour ne pas passer à côté d’un éventuel problème cardiaque. Les patientes victimes de complications liées à la grossesse présentent également un risque accru de troubles cardiovasculaires précoces, et devront donc être suivies de près. Certaines maladies touchant majoritairement des femmes, comme la polyarthrite rhumatoïde et certaines autres pathologies auto-immunes, sont également associées à des troubles cardiovasculaires précoces et progressifs. Par ailleurs, il est un fait que les mesures de prévention primaire revêtent une importance capitale, et ce pour les deux sexes.»
Aux États-Unis, l’American Heart Association mène depuis le tournant du millénaire la campagne de sensibilisation «Go Red for Women», qui vise à réclamer une attention accrue aux maladies cardiaques et à l’AVC en tant que «premier tueur» parmi les femmes. Une bonne idée à reprendre chez nous?
Pr Shivalkar: «Absolument. La sensibilisation de la population et du corps médical à l’importance de ce problème est primordiale.»