Après un an de travaux et d’aménagements et l’obtention de l’agrément auprès de l’AFMPS, la Banque d’Os du Chirec, implantée sur le site de Braine – l’Alleud, a réellement démarré ses activités en septembre 2016. Une activité essentielle dans le développement d’un hôpital. En quoi consiste-t-elle exactement ? Le tour de la question avec le Dr Michel Anastasescu, directeur de cette nouvelle banque d’os.
« Comme le Chirec comporte cinq sites, il avait la possibilité de s’auto-approvisionner », explique le Dr Anastasescu, chirurgien orthopédique actif dans le domaine des banques de tissus depuis plus de 25 ans. « La direction a donc décidé de recréer cette banque, puisqu’une banque de têtes fémorales avait déjà existé par le passé sur le site Edith Cavell. Dans un premier temps, il s’agit d’une banque d’os, mais à terme, nous envisageons d’évoluer vers une banque de tissus orthopédiques dans un sens plus large, avec des prélèvements de tendons, fascias, allogreffes massives et ménisques ».
Qui sont les donneurs et les bénéficiaires ?
Les donneurs sont actuellement des donneurs vivants. Il s’agit par exemple de patients qui ont bénéficié d’une prothèse totale de hanche ou de genou. « Pour mettre la prothèse en place, il faut enlever une partie du fémur, la tête fémorale. Et au lieu de la jeter, nous la gardons pour réaliser des greffes telles que des blocs osseux et des copeaux », explique le directeur de la banque d’os.
Bien sûr, tout le monde ne peut pas être donneur. Une sélection rigoureuse est opérée. « Il faut éviter à tout prix de mettre en circulation des os qui seraient susceptibles de transmettre une maladie. Nous avons donc, tout comme pour les dons de sang, une liste de critères d’exclusion : HIV, hépatites B et C, syphilis, toute pathologie oncologique, Alzheimer, maladie à prions, patients avec des comportements à risque, tatouages, piercings,… » En plus, l’os est soumis à un traitement physique et chimique de sécurisation micro-biologique, précise le Dr Anastasescu.
« Pour chaque PTH/PTG envisagée au sein de l’institution, le chirurgien opère une sélection médicale du donneur sur base de l’anamnèse. Si le patient est susceptible d’être donneur, il lui demande son consentement. Si le patient est d’accord, il le signifie par écrit. Une prise de sang est alors réalisée en per-opératoire et si les résultats sont bons, l’os pourra être accepté en banque », détaille le chirurgien.
Les bénéficiaires de ces os sont essentiellement des patients des services d’orthopédie (par exemple dans les reprises de prothèses de hanche, les pathologies tumorales, les traumatismes, etc…) mais aussi de neurochirurgie (notamment pour des pathologies de la colonne vertébrale comme les scolioses, pour réaliser les arthrodèses de colonne,…), ou encore de chirurgie maxillo-faciale.
Projet en cours
Le Chirec ne compte toutefois pas en rester là. Il entend maintenant aussi élargir sa banque aux donneurs décédés. « Il peut s’agir de patients décédés qui ont déjà subi un prélèvement d’organes, mais pas nécessairement. Dans le second cas, le patient est alors uniquement donneur de tissus. Dans notre pays, que ce soit pour les organes ou pour les tissus, c’est le consentement présumé qui s’applique. Mais bien sûr, il y a une discussion avec la famille, et le prélèvement est réalisé après la consultation du dossier médical et en fonction de la cause du décès (une cause inconnue est par exemple un critère d’exclusion)», explique le Dr Michel Anastasescu, qui travaille activement à sa mise en place.
Rôle d’information du MG
Les médecins généralistes peuvent bien sûr apporter leur pierre à l’édifice de cette nouvelle banque d’os. « Ce sont eux qui sont en première ligne au contact du patient. Ils sont donc bien placés pour informer les patients qui souffrent d’arthrose du genou ou de la hanche qui sont sur le point d’aller consulter pour le placement d’une prothèse qu’il est fort probable qu’on leur proposera ce don d’os », indique le Dr Anastasescu.