Grâce à l’intelligence artificielle appliquée à l’IRM, radiologues et neurologues du CHIREC gèrent autrement la maladie, tant au niveau diagnostique que sur le plan du suivi des patients et dans la gestion du traitement. Très peu de centres dans notre pays disposent d’un outil aussi performant.
Le Dr Mathieu Vokaer est chef du département des neurosciences au CHIREC et directeur de la clinique de la Sclérose en Plaques (SEP). Son service est centre de référence pour la prise en charge et le traitement de la SEP. Une collaboration étroite avec le service de radiologie de l’hôpital Delta, dirigé par le Dr Mahammed Ouertani et avec ses confrères neuro-radiologues, les Drs Thierry Roger et Jacques Rommens, a permis d’implémenter l’utilisation au quotidien des outils d’analyse développé par Icometrix. La suite Icobrain MS consiste en un système d’analyse des images IRM des patients atteints de SEP à l’aide de l’intelligence artificielle. Les données captées en IRM sont ainsi processées avec toutes les garanties de sécurité, de confidentialité et de respect de la vie privée que l’on se doit d’assurer. Les informations sont analysées et le rapport détaillé est disponible dans le PACS sous forme de PDF.
Rien ne lui échappe
L’intelligence artificielle dont il est fait usage augmente la capacité à détecter les nouvelles lésions, critère clé de l’évolution de la maladie. La co-registration de deux images que l’on superpose, l’une captée antérieurement, six à douze mois plus tôt et l’autre actuelle, permet de repérer de manière plus précise qu’à l’œil nu les modifications intervenues depuis le dernier examen. Le processus ne se substitue pas au radiologue mais l’assiste dans sa démarche d’analyse. Il est également possible de mesurer la perte de volume cérébral (atrophie) et de la comparer à la situation précédente. Ce paramètre revêt une importance croissante et est de plus en plus souvent utilisé comme critère d’évaluation dans les essais cliniques. Par conséquent, il fait de plus en plus clairement son entrée dans la pratique clinique et l’intelligence artificielle permet d’en suivre l’évolution. Mais les mesures de volume peuvent aussi être centrées distinctement sur la substance grise et sur la substance blanche.
Une révision de A à Z
En accumulant les données concernant un patient, on peut interpréter différemment et de manière plus subtile les lésions visualisées. Ainsi, le seuil de discrimination du système étant extrêmement pointu, l’élargissement, si faible soit-il, des « slowly expanding lesions » (SEL, lésions à progression lente) peut être repéré. Les lésions inflammatoires récentes sont mieux identifiées et les « black holes », lésions séquellaires qui apparaissent hypo-intenses en modalité T1 (une manière de capter les images en IRM) peuvent être quantifiées. C’est là un autre apport précieux d’Icométrix car on sait aujourd’hui que ces images particulières sont bien corrélées avec la progression du handicap. L’analyse d’images est nettement plus précise pour suivre l’évolution des patients et il n’est pas rare que l’on détecte des changements avant même leur traduction clinique.
Tous ces aspects peuvent conduire à une reclassification du patient. Il arrive, par exemple, que l’on s’interroge devant une personne que l’on soigne depuis tout un temps pour une forme récurrente-rémittente : n’évoluerait-elle pas vers une forme progressive ? L’intelligence artificielle peut apporter des données complémentaires à la clinique et éventuellement corroborer l’impression du médecin. On voit aussi des patients qui se dégradent cliniquement alors qu’ils ne montrent pas de lésions actives : l’explication peut se trouver dans le comportement des SEL. On comprend ainsi mieux ce qui se passe. Inutile de dire qu’on a là un outil de grande finesse pour adapter le traitement.
Une révolution dans le quotidien
Il résulte de tout cela qu’on est en train de redéfinir de fond en comble le concept même de SEP. Au lieu d’une affection qui se présente sous différentes formes, il se pourrait-bien, pense-t-on aujourd’hui, qu’on se trouve devant une maladie unique qui évolue à bas bruit mais avec des niveaux d’activité inflammatoire variables. Bref, on se trouve devant une véritable révolution, qui réside surtout dans le fait qu’au CHIREC, cet outil d’un niveau exceptionnel est aujourd’hui entré dans la routine quotidienne.
La sclérose en plaques (SEP) est une maladie neurologique inflammatoire et dégénérative du système nerveux central. Elle début en général entre 20 et 40 ans. La cause reste inconnue même si certains facteurs de risques ont été identifiés. On estime à plus de 10.000, le nombre de patients atteints en Belgique.
> Pour en savoir plus sur la clinique de la sclérose en plaques du CHIREC