Nutri’Kids: l’obésité n’est pas (qu’) une question de poids…

L’hôpital de Braine-l’Alleud – Waterloo vient d’ouvrir une Clinique du poids et de la nutrition de l’enfant. Delta devrait bientôt suivre le mouvement. Rencontre avec les Drs Emmanuel Lenga, gastro-entérologue pédiatrique et Frédéric Dricot, chef de service de pédiatrie.

Au CHIREC de Braine-l’Alleud, face à une obésité croissante dans la population pédiatrique, une équipe réunissant pédiatre, gastro-entérologue, nutritionniste et psychologue a décidé de créer une clinique de la nutrition baptisée Nutri’Kids.

Quel est l’objet de Nutri’Kids?
Nous avons voulu créer une clinique de la nutrition spécialement dédiée à l’enfant, qui est le pendant de la clinique du poids chez l’adulte. L’idée est née du fait que les enfants obèses ou en surpoids ne bénéficiaient pas au sein de notre hôpital d’une prise en charge spécifique. Il est en effet essentiel que les problèmes liés à l’obésité ainsi que ses conséquences, soient pris en charge. Notre intervention ne se limite pas à cela puisque nous voulons aussi éduquer les enfants sur leur régime alimentaire, mais également les parents. Il est important de les responsabiliser et de les accompagner afin qu’ils puissent s’occuper au mieux de leur enfant.

Comment se dessine la structure de l’accueil chez Nutri’Kids?
Nous sommes une équipe de base de 3 personnes ici à Braine-l’Alleud: le Dr Frédéric Dricot, chef du service de pédiatrie, Mme Caroline de Longueville, diététicienne, Mme Jamila Mourabit, psychologue et moi-même. Par ailleurs, nous faisons appel à d’autres collègues. Par exemple, la pédiatre avec tropisme endocrinologique, le cardiologue pédiatrique, les spécialistes du sommeil etc… Les patients qui nous sont adressés nous parviennent via 3 accès:

  • Via la consultation de diététique;
  • Via la consultation de psychologie;
  • Via la consultation de pédiatrie.

Comment se passe une consultation?
Tout d’abord nous posons le diagnostic, en nous basant sur les mesures anthropométriques du patient, et de l’histoire de son poids.

Nous expliquons ensuite à l’enfant que ce n’est pas de sa faute, mais qu’il peut devenir acteur et réduire son poids de manière efficace avec l’aide de notre équipe et de ses parents. Selon moi, l’obésité est souvent le signe, l’expression d’un malaise ou d’un mal-être. Aider l’enfant à se sentir mieux constitue la première étape de son cheminement. La perte pondérale n’est pas l’objectif en soi, mais elle sera souvent obtenue comme l’aboutissement. Nous ne visons donc jamais un objectif pondéral.

Nous nous appuyons aussi sur des ateliers ludiques et didactiques permettant de mettre l’enfant en situation réelle par rapport à l’alimentation combinés à une approche psychologique s’appuyant sur l’hypnose et une approche psychosensorielle.

Il y aura donc après la première consultation l’organisation d’un suivi individuel (1x/mois), un atelier psychodiététique (1x/mois) et un atelier avec les parents (1x/3 mois). Nous ne travaillons pas sur la restriction, mais sur le changement de comportement.

Dans certains cas plus préoccupants, une hospitalisation est proposée afin de rechercher les complications liées à l’excès pondéral avec alors l’intervention d’autres spécialistes déjà cités.

Votre initiative s’appelle Nutri’Kids. Ne s’adresse-t-elle qu’aux enfants en surpoids ou obèses?
Non! Notre initiative s’adresse aux problèmes de nutrition dans leur ensemble. Cependant, nous devions bien commencer par une problématique en particulier et c’est bien celle du surpoids et de l’obésité qui fait l’objet des demandes actuellement. C’est pour cette raison que nous nous sommes d’abord tournés vers elle. Toutefois, nous aborderons aussi certainement dans le futur les autres troubles alimentaires et la dénutrition en particulier.

Quels sont vos rapports avec les intervenants de première ligne?
Nous sommes convaincus que les pédiatres et les médecins généralistes, mais aussi le personnel de l’ONE ont un grand rôle à jouer dans la prévention, mais aussi dans le dépistage du surpoids. On ne devient pas obèse du jour au lendemain. Cela signifie que toute déviation majeure de la courbe staturopondérale qui se maintient entre deux visites devrait inquiéter et demande à être investiguée. Nous comptons donc beaucoup sur ces intervenants pour ne pas négliger cet aspect de la santé, car plus il est pris en charge précocement plus le traitement est efficace à longue échéance.

 

Contact
Secrétariat de pédiatrie: 02/434 94 43