Chaque année le 4 février est la Journée mondiale du cancer. L’objectif est d’unir le monde entier dans un but commun : inscrire le cancer parmi les priorités de l’agenda de la santé mondiale, en s’exprimant d’une voix positive et à l’unisson.
Cette Journée a pour but de sauver chaque année des millions de personnes d’une mort évitable grâce à l’éducation, à la sensibilisation et en mettant la pression sur les gouvernements et les individus à travers le monde afin qu’ils agissent.
Tout comme les autres centres du cancer, le Chirec Cancer Institute (CCI) a un objectif d’excellence dans la médecine proposée à ses patients. Mais un de ses points forts est la personnalisation de la prise en charge : une relation privilégiée va être développée entre le patient et le(s) soignant(s), et progressivement renforcée par des liens forts de confiance et d’humanité.
Et la personnalisation des soins proposés aux patients ne s’arrête pas dans la qualité de la relation entre soigné et soignants. Elle s’étend bien au-delà, et se retrouve dans toutes les facettes de la cancérologie : prévention, dépistage, diagnostic, traitement et suivi.
Ainsi, par exemple, la Clinique de Prévention & Dépistage des Cancers du CCI propose un dépistage personnalisé du cancer, en fonction des facteurs de risque de chacun. Il en est de même dans les conseils de prévention qu’elle propose aux personnes qui y prennent rendez-vous.
Mais c’est certainement dans le traitement du cancer que la personnalisation a pris récemment une très grande dimension, par le développement de ce que l’on appelle aujourd’hui, la médecine de précision. Cette médecine correspond au développement de traitements basés sur une meilleure connaissance des mécanismes biologiques conduisant à l’apparition d’un cancer : les traitements sont dans ce cas déterminés au cas par cas, certains diront que ce sont des traitements « à la carte » : ainsi, par exemple, deux patients présentant un même cancer, au même stade, auront une grande probabilité de recevoir deux traitements différents, définis sur base des caractéristiques moléculaires de leur tumeur.
Ces nouveaux traitements modifient considérablement le pronostic de nombreux cancers, y compris à un stade métastatique : ainsi, par exemple, le mélanome métastatique qui était considéré comme une pathologie mortelle en quelques mois, est à présent associé à une survie d’un patient sur deux.
Mélanome métastatique : courbes de survie globale dans pour diverses immunothérapies et thérapies ciblées ; la survie peut actuellement atteindre 50% à plus de 5 ans. Avant ces traitements, la survie globale n’était que de quelques mois.
La médecine de précision englobe deux approches très différentes :
- L’immunothérapie spécifique du cancer, dont nous avons parlé dans un récent ChirecPro, fin 2022.
- Et les thérapies ciblées du cancer dont nous allons discuté dans cet article.
Les thérapies ciblées sont le fruit direct de la recherche réalisée depuis 50 ans, qui a permis de disséquer les mécanismes moléculaires impliqués dans la transformation d’une cellule normale en cellule cancéreuse. Ces nouveaux traitements vont bloquer la prolifération et la dissémination des cellules cancéreuses en ciblant spécifiquement ces mécanismes. On peut les classer en deux catégories principales :
- D’une part, des traitements qui vont pénétrer dans les cellules pour bloquer spécifiquement l’une ou l’autre molécule, en particulier des protéines kinases impliquées dans la transmission du signal mitotique : TKI = tyrosine kinase inhibitor. Ces traitements sont des petites molécules, car elles doivent être capables de pénétrer dans les cellules ; ils sont administrés par voie orale (comprimés à avaler). Leur nom en général se termine par « ib », par référence à leur fonction « inhibitrice ». Quelques exemples : imatinib, erlotinib, sunitinib, gefitinib, lenvatinib,…
- Et d’autre part, des traitements qui exercent leur action inhibitrice en dehors des cellules : il s’agit surtout d’anticorps monoclonaux humanisés, synthétisés par biotechnologie, qui vont cibler des récepteurs de kinase exprimés au niveau de la surface de la cellule. Ces traitements se différencient des médicaments de la catégorie ci-dessus : ils sont administrés en intraveineux ou sous-cutané, et non par la bouche ; ils sont de plus grande taille, et de ce fait, diffuse plus lentement dans le corps ; ils sont extrêmement spécifiques, comme tout anticorps ; et ils ne présentent en général pas de toxicité liée à la dose à laquelle ils sont administrés. Leur nom en général se termine par « mab », par référence à leur nature de « Monoclonal AntiBody ». Quelques exemples : trastuzumab, bevicizumab, cetuximab, panitumumab,…
Illustration de l’efficacité de l’imatinib, une des premières thérapies ciblées utilisée en clinique : ce PET scan montre la réponse complète obtenue après un mois de traitement d’un GIST (gastrointestinal stromal tumor) avec métastases abdominales, par imatinib : cette tumeur, connue pour sa résistance à la chimiothérapie, montre une réponse exceptionnelle à une thérapie ciblée.
Le développement des thérapies ciblées est tel qu’elles représentent actuellement un tiers des médicaments anticancéreux. La recherche a identifié des « biomarqueurs » : ils permettent de tester les patients afin d’identifier ceux qui sont porteurs ou non d’une altération biologique, associée à une réponse au traitement, ce qui va conditionner leur prescription dans plus de la moitié des thérapies.
Pr Thierry Velu, Oncologue et Directeur du Chirec Cancer Institute
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