Le Dr Bertrand Vos, chef du pôle viscéral de l’Hôpital de Braine-l’Alleud – Waterloo, reprend l’essentiel de ce qu’il faut savoir sur le syndrome du côlon irritable à travers 10 points pratiques.
1° La prévalence du syndrome du côlon irritable est de 10 à 15% en Europe avec une prédominance chez les femmes (ratio Homme/Femme : 2/1) et représente une part importante des consultations en médecine générale et en gastro-entérologie.
2° Le syndrome se définit par des douleurs, des sensations de gêne ou d’inconfort dans le ventre depuis au moins 6 mois, et ce pendant une période de 3 jours par mois. Ces douleurs sont généralement en lien avec le transit et/ou associées à une modification de la fréquence ou consistance des selles.
3° Le bilan peut être non invasif avec une biologie complète incluant une sérologie cœliaque, une coproculture avec Calprotectine fécale et éventuellement un breath test au lactose si une intolérance au lactose est suspectée.
A partir de l’âge de 50 ans, un bilan endoscopique s’avère indispensable pour exclure formellement une cause organique, et ce plus particulièrement en cas de signes d’alarme : perte de poids, sang dans les selles ou sur le papier, modifications inhabituelles et persistantes du transit (diarrhée, constipation, ballonnements), ou encore en cas d’antécédents personnel de maladie inflammatoire (recto-colite ulcéro-hémorragique ou maladie de Crohn), ou familial de cancer ou polype colorectal, et ce plus particulièrement lorsque ce sont des liens de premier degré qui ont été touchés ( parents, enfants, fratrie,…).
4° L’alimentation. Il faut diminuer les sources alimentaires de gaz intestinaux :
- Édulcorants non caloriques
- Mannitol, sorbitol (gomme à mâcher, bonbons)
- Haricots et légumineuses: rafinose, stachyose
- Légumes (brocoli, chou-fleur, oignons)
- Pommes de terre, patates douces
- Suppléments de fibres solubles
Le Régime FODMAPS (Fermentable Olig-, Di-, Mono-saccharides And PolyglycanS), basé sur la suppression des sucres non digérés pouvant provoquer, lorsqu’ils sont consommés en excès, des symptômes de ballonnement/flatulences/diarrhée est actuellement considéré comme le régime de référence dans le syndrome du côlon irritable.
Le gluten et le lactose sont d’ailleurs des sucres fermentables faisant partie des FODMAPS. On pense que les patients présentant un syndrome du côlon irritable se sentent mieux sur le plan digestif en suivant ce régime et en supprimant donc le gluten et le lactose.
5° Respect de la pyramide alimentaire. Figure
6° Les probiotiques, en multi-souches hautement dosées ou en mono-souche, ont montré un bénéfice significatif dans le syndrome du côlon irritable.
C’est un pilier important du traitement du syndrome du côlon irritable mais son bénéfice est modeste s’il est opté comme seul traitement.
7° La phytothérapie.
Les plantes médicinales sont efficaces pour traiter les troubles des colopathies fonctionnelles
Voici les principales plantes ou extraits souvent retrouvés en association pour traiter le syndrome du côlon irritable.
- Menthe, gingembre, artichaut, achillée millefeuille, camomille, mélisse, fenouil, guimauve, curcuma, réglisse,…
- Xyloglucan, protéine du pois et extrait de pépins de raisin
- Huile de menthe poivrée
8° Spasmolytiques
Une catégorie importante existe pour traiter le syndrome du côlon irritable. Ces différents types de spasmolytiques sont repris dans la table2 ci-dessous.
9° Anti-dépresseurs et SSRI:
En cas de situation réfractaire sous régime, probiotiques, spasmolytiques et phytothérapie, l’introduction d’antidépresseurs tricycliques ou d’inhibiteurs sélectifs de la recapture de Serotonine (SSRI en anglais) sont des traitements à introduire, même sans syndrome dépressif sous-jacent.
10° Syndrome du côlon irritable avec prédominance de constipation
En plus de laxatifs classiques de type Macrogol et du régime riche en fibres associé à une bonne hydratation, il existe 2 médicaments stimulant la contraction colique (Agonistes des récepteurs 5-HT4 et le Linaclotide) disponibles en Belgique. Le coût de 50 à 70€ est souvent le facteur limitant à leur utilisation chronique.
Dr Bertrand Vos
Gastro-entérologue et chef du Pôle Viscéral, CHIREC – site Braine-l’Alleud
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