Cette sérologie a fait couler beaucoup d’encre au cours des dernières semaines. D’aucuns ont regretté qu’elle n’ait pas été disponible plus rapidement, d’autres qu’elle soit d’abord « réservée » à certains groupes-cibles par décision fédérale, alors que certains laboratoires privés la proposaient à un prix prohibitif…
En fait la disponibilité de ce test a été retardée parce que les différents kits commerciaux ont d’abord été évalués de manière scientifique (les tests ont été « testés ») et comparés entre eux afin de sélectionner les meilleurs.
On s’est ainsi aperçu que la détermination des IgM n’apportait pas grand-chose, puisque ces immunoglobulines apparaissent le plus souvent presqu’en même temps que les IgG, mais que leur dosage donne plus souvent des faux positifs.
La question cruciale est : qu’apporte cette sérologie?
Si elle est négative, cela signifie que le patient n’ai pas été en contact avec le COVID-19. Ou qu’il l’a croisé peu de temps (endéans les 2 semaines) avant de faire le test. Ou qu’il a été contaminé mais n’a pas fabriqué d’anticorps (sans doute quelques %).
Une sérologie IgG positive indique qu’il a été contaminé, en tout cas minimum 2 semaines plus tôt, parce qu’il y a très peu de faux positifs. C’est pourquoi tout professionnel de la santé devrait connaître son statut sérologique.
Est-il protégé pour autant ? Sans doute… Cette sérologie détecte des anticorps neutralisants, et une réinfection d’une personne ayant une sérologie positive est rarissime. C’est pourquoi tout professionnel de la santé devrait connaître son statut sérologique.
Mais si sa sérologie est positive, il faudra bien informer le patient que son comportement ne doit pas être modifié pour autant : il devra continuer à respecter la distanciation sociale et l’hygiène des mains. Parce que, même armé de ces anticorps, il pourra toujours disséminer le virus au sein de la population.
Il faudra raisonnablement le rassurer qu’il sera vraisemblablement protégé. Pour quelques semaines ou quelques mois. Contre le COVID-19, mais contre d’autres coronavirus qui nous attaqueront à l’avenir ? Personne ne le sait…
A titre individuel le seul véritable intérêt de cette sérologie est de nous aider à dater la contamination : si un patient a une PCR positive mais une sérologie négative, cela laisse à penser que sa contamination est récente (moins de 2 semaines), et qu’il peut être encore contagieux. Si sa PCR est positive et que sa sérologie l’est aussi, la contamination remonte sûrement à plus de deux semaines ; il y a donc peu de risque qu’il soit encore contaminant…
Par contre, d’un point de vue épidémiologique, la détermination du pourcentage de séropositifs au sein de la population permettra de comparer la situation de la Belgique à celle du reste du monde.
> Pour en savoir plus sur le sujet, vous pouvez télécharger l’enregistrement du Grand Tour de Médecine du 30 avril (« La sérologie SRAS-CoV-2 à l’épreuve du déconfinement ») sur la plateforme Wetransfer via le lien: https://we.tl/t-O9VAMUqfj3 (fichier .mp4).
Dr Jean Gérain
Chef du Département Métabolique CHIREC
Chef du Service de Médecine Interne DELTA
> Pour en savoir sur le département métabolique du Chirec et connaître les noms des spécialistes