Si l’Australie est sur le point d’éradiquer le cancer du col, c’est encore loin d’être le cas en Belgique. La mise sur pied d’une Clinique de Prévention et Dépistage des Cancers au Chirec Cancer Institute trouve donc pour le cancer du col toute sa justification. Elle permet, en plus de discuter des recommandations de vaccination, d’augmenter le dépistage par frottis du col et la recherche l’HPV dans le cas de lésions suspectes.
Année après année, le rôle des Papillomavirus (HPV) dans la genèse de lésions malignes se précise: ils infectent essentiellement les tissus cutanés et les muqueuses et se transmettent habituellement par voie sexuelle, mais aussi par contact direct. En fait, ils sont aujourd’hui responsables des infections sexuellement transmissibles les plus fréquentes dans le monde. Ces virus très résistants peuvent persister des mois dans un environnement humide. Parmi plus de 250 sérotypes connus, seule une vingtaine ont une activité oncogène et sont la cible essentielle des vaccins à notre disposition (sérotypes 16-18-31-33-45-52-58).
Au départ, la vaccination réservée aux femmes visait essentiellement la prévention du cancer du col de l’utérus. En 2017, les études de Hartwig réalisées au niveau belge et européen mettent en évidence une augmentation significative de lésions précancéreuses et cancéreuses non seulement au niveau du col utérin mais aussi de la vulve, du pénis, de l’anus, mais surtout au niveau de la sphère ORL ; ainsi, à ce niveau, les cancers liés à HPV deviennent progressivement plus fréquents que ceux liés à un excès d’alcool et de tabac. Les HPV s’attaquent donc aussi bien aux femmes qu’aux hommes.
Par ailleurs, de nombreuses études de l’OMS confirment la sécurité de ces vaccins sans augmentation ni de maladie auto-immune, ni de la sclérose en plaque, ni du Guillain-Barré, ni du nombre de fausses couches ou de thromboses. Les recommandations actuelles vont dans les sens d’une vaccination préventive des garçons et filles entre 9 et 14 ans pour prévenir tous les cancers liés à ces virus. Cette vaccination sera proposée dès la rentrée de septembre 2019. Chez les femmes, la couverture du dépistage par frottis reste insuffisante (50%). La vaccination permettrait d’éviter de nombreux cancers dépistés bien souvent trop tardivement.
Une étude récente révèle que la proportion de femmes âgées de 18 à 24 ans porteuses des deux principaux types d’HPV a chuté de 23% à 1% entre 2005 et 2015 en Australie, à la suite d’une campagne de vaccination gratuite réalisée depuis 2007 auprès des jeunes filles de 12-13 ans et depuis 2013 auprès des garçons dans les collèges. La situation est bien différente chez nous… Pour que la vaccination soit le plus efficace possible, 80% de la population devrait être vaccinée et ces chiffres sont loin d’être atteints en Belgique, surtout dans la partie francophone du pays où le lobbying anti-vaccins reste très actif malgré les études rassurantes de l’OMS.
La mise sur pied d’une Clinique de Prévention et Dépistage du Cancer au CCI trouve aussi toute sa justification, permettant, en plus de discuter de prévention et notamment des recommandations de vaccination, d’augmenter le dépistage par frottis du col et la recherche l’HPV dans le cas de lésions suspectes.
C’est le chemin que nous avons choisi au Chirec.
Dr Jean-Pierre CLAES, Coordinateur de la Clinique d’Oncologie Gynéco-pelvienne
Dr Laurence GORDOWER, Coordinatrice de la Clinique Prévention et Dépistage des Cancers
Pr Thierry VELU, Directeur du Chirec Cancer Institute (CCI)
> Consultez notre brochure sur le dépistage.