L’équipe du Laboratoire du Sommeil du site Delta en collaboration avec le CHU Brugmann, mène une étude sur une nouvelle approche thérapeutique des apnées grâce à un nouveau dispositif oro-pharyngé. Les premiers résultats sont prometteurs et ont fait l’objet d’une publication.
Le Pr Daniel Neu et le Dr Grégory Nawara, membres de l’équipe du Laboratoire du Sommeil sur le site Delta, mènent conjointement, en partenariat avec le CHU Brugmann, une étude sur une nouvelle approche thérapeutique des apnées, soutenue en partie par la Fondation Care. Cette étude de cas utilise le prototype d’un stent oro-pharyngé amovible qui permet un effet d’attelle mécanique novateur en limitant le collapsus rétro-lingual dans les apnées obstructives se produisant durant le sommeil. Il s’agit de la première publication d’un article scientifique où le CHIREC est référencé dans la revue scientifique internationale The Laryngoscope. Cela démontre le travail de recherche de pointe présent dans l’Institution.
Le syndrome d’apnées du sommeil est défini par un collapsus récurrent, partiel ou total, des voies respiratoires supérieures au cours du sommeil. Il a pour conséquence l’apparition de nombreux risques pour la santé qui sont en lien avec l’impact physiopathologique du déficit chronique d’oxygène au niveau de la microcirculation artérielle. Il s’agit pour l’essentiel de risque cardio-vasculaire, d’accident vasculaire cérébral, d’hypertension, de trouble du métabolisme type diabète, mais également des troubles de l’humeur, de la concentration et de la libido. La fatigue occasionnée dans certains cas sévères interdit même la pratique de la conduite automobile.
15 à 20 % des patients ne supportent pas la CPAP
Le gold standard du traitement de ce syndrome apnéique est représenté par un dispositif médical apparenté à un compresseur, relié au nez et /ou à la bouche du patient au travers d’un tuyau. Il s’agit de ce qu’on appelle communément la CPAP, abréviation anglo-saxonne pour continuous positive air pressure. Cet appareil délivre une pression positive, à l’image d’une attelle pneumatique, afin de débloquer le collapsus respiratoire. Bien qu’efficace, il s’avère que 15 à 20% des patients ne supportent pas ce type d’appareil, et que le suivi à long terme laisse également à désirer.
Les interventions chirurgicales, nombreuses et variées, peuvent souvent améliorer le tableau apnéique, mais les différentes études multicentriques réalisées n’ont jamais pu démontrer une efficacité comparable à celle de la CPAP. Les dispositifs d’appareils dentaires, (orthèse d’avancée mandibulaire) peuvent améliorer le tableau clinique, mais restent réservés à des cas d’apnées modérées.
Une première mondiale
«Fort de ce constat, notre équipe de recherche (Pr Daniel Neu, somnologue, Dr Gregory Nawara, ORL, David Bouchez, ingénieur), s’est penchée sur une nouvelle approche thérapeutique. Elle offrirait au patient une efficacité qui se rapprocherait de celle de la CPAP, mais en offrant un confort et une discrétion d’utilisation capables d’optimiser la compliance et l’observance du traitement. C’est ainsi que nous avons conceptualisé le principe du stent pharyngé, dispositif tubulaire, qui placé au niveau d’un point stratégique du pharynx, derrière la langue, est capable de jouer le rôle d’attelle mécanique, afin d’empêcher tout collapsus des voies respiratoires supérieures. Nous travaillons actuellement sur une sélection de quelques patients afin d’implémenter la forme, la structure et le positionnement du dispositif.», explique le Dr Nawara.
Les premiers résultats sont prometteurs, et ont fait l’objet d’une publication scientifique dans la revue américaine Laryngoscope. «Lorsque l’ensemble des données de cette étude aura été rassemblé, analysé et traité, nous aurons l’occasion d’étendre nos recherches sur un plus grand nombre de patients. Le but à court terme est de pouvoir ajouter ce type de traitement novateur aux différentes options thérapeutiques actuellement disponibles pour les patients apnéiques.», conclut le Dr Nawara.
«Le dispositif non invasif, facilement auto-administré, est monté sur une simple gouttière dentaire. L'index d'apnée-hypopnée totale (IAH) était à la base de 15,5/h de sommeil total et de 24,4 par heure de sommeil paradoxal. Avec l'appareil en place, l'IAH total a été réduit à 6,7 par heure (réduction de 56,8%) et à 1,4 par heure de sommeil paradoxal (réduction de 94,3%). L'efficience du sommeil sous traitement mécanique était excellente (rapport de rendement à 96,5%).»*