Pierre Vanderzwalmen, coordinateur scientifique au laboratoire de Procréation Médicalement Assistée sur le site de Braine-l’Alleud – Waterloo et Cavell (Chirec), vient de co-écrire un Atlas sur la vitrification des blastocytes dans la PMA. Une technique employée depuis plus de 10 ans au Chirec. Elle a permis d´obtenir au Chirec la première grossesse en Belgique après vitrification d´ovocytes et de blastocystes.
Depuis plusieurs décennies, la procréation médicalement assistée (PMA) tente de venir en aide aux couples confrontés à des problèmes d’infertilité. Grâce aux améliorations des traitements hormonaux, des technologies et milieux de culture embryonnaire, la proportion d´embryons se développant jusqu’au stade de blastocystes (5ème jour de culture après la ponction d’ovocytes) a significativement augmenté. L’établissement d’une législation limitant le nombre d’embryons transférés, afin de réduire les risques liés aux grossesses multiples, a systématisé le recours à la congélation. En outre, pour diverses raisons médicales, la tendance actuelle est de différer le transfert embryonnaire en congelant la totalité des embryons obtenus. Cette stratégie du « all freeze » est de plus en plus envisagée grâce au développement de la technique de vitrification des embryons au stade de blastocystes, stade embryonnaire qui présente les taux d´implantation les plus élevés.
« Comme coordinateur scientifique, mes activités consistent à introduire et à améliorer les techniques au laboratoire de PMA du Chirec. C´est ainsi que nous avons été les premiers en Belgique à réaliser la culture d´embryons jusqu´au stade de blastocystes, à effectuer la vitrification d´embryons et d´ ovocytes ainsi que l’analyse et la sélection des spermatozoïdes avec des optiques microscopiques permettant d´observer des anomalies du noyau au niveau de leurs têtes. » déclare Pierre Vanderzwalmen
La vitrification : une méthode simple mais délicate
La technologie de vitrification se base sur un concept simple: la formation de cristaux de glace dans le compartiment intracellulaire est incompatible avec la survie cellulaire et est considérée comme la première cause de mortalité cellulaire lors du processus de congélation. La technique de vitrification a pour objectif d’empêcher la cristallisation du liquide intracellulaire au cours du refroidissement. Au contraire, elle favorise sa solidification en le maintenant dans un état de surfusion jusqu´à la température de -196°C. Cet état vitreux – ou amorphe – est obtenu en exposant pour de courtes durées les embryons à des concentrations élevées en cryoprotecteurs puis en les soumettant à un refroidissement ultra-rapide dans l´azote liquide. Ces étapes induisent une augmentation brutale et extrême de la viscosité du liquide intracellulaire empêchant un réarrangement moléculaire cristallin.
A l´inverse de la méthode de congélation lente, qui nécessite un appareillage sophistiqué et couteux, la vitrification est techniquement et financièrement attractive, puisqu’elle consiste simplement à plonger directement les paillettes contenant les embryons dans l´azote liquide.
La vitrification : une technique récente ?
Cette technique, simple dans son principe, a nécessité des années de recherches et de mises au point, avant d’être largement appliquée en PMA. Elle a été développée dès 1985 en Médecine Vétérinaire. C´est en 1997, que l´équipe du Professeur Schoysman R. et du Dr Lejeune B du centre de PMA de Vilvorde (SIMAF) en collaboration avec Pierre Vanderzwalmen, a été la première équipe de PMA à développer une technique de vitrification de l´embryon humain et à présenter, au congrès européen ESHRE d´Edimbourg ,des grossesses obtenues suite à la réimplantation de blastocystes vitrifiés. Néanmoins, malgré des résultats prometteurs cette technique a suscité une appréhension, pour différentes raisons techniques et biologiques, dans une large majorité des centres de PMA jusqu´à la fin de la dernière décennie.
Dans le centre du Professeur Zech en Autriche, où l´atlas a été en partie élaboré, plusieurs milliers de bébés sont nés grâce à cette technique depuis 1997.
Toutes ces innovations ont fait l´objet de présentations et de nombreuses publications dans des revues internationales ou de chapitres. « Bien entendu, c´est avec toute l´équipe médicale et des embryologistes du centre de PMA du Chirec sous le direction du Dr Imbert nouveau responsable du service, que toutes ces activités scientifiques et projets sont élaborés » rappelle Pierre Vanderzwalmen.
Atlas sur la vitrification des blastocystes : pourquoi avoir écrit ce livre ?
Dans l´optique de la stratégie du « all freeze », la principale difficulté rencontrée par les embryologistes est de savoir quels blastocystes sélectionner pour la vitrification. Sachant qu´avec la congélation lente, les blastocystes de qualités sub-optimales survivent moins bien à la congélation, les embryologistes sont-ils tenus de ne vitrifier que les blastocystes de bonne qualité et d´éliminer ceux présentant une morphologie anormale ou des retards de développements ?
L’objectif de cet atlas est d´apporter des éléments de réponse à cette question. Il montre, au travers de 100 cas cliniques, que la vitrification est une technique de congélation permettant de garantir la survie embryonnaire post réchauffement et d´obtenir des naissances d´enfants en bonne santé, non seulement à partir de blastocystes dont la morphologie est optimale, mais également pour des embryons de seconde qualité. Chaque cas est documenté par une série de photo des blastocystes avant vitrification, après réchauffement et avant le transfert chez la patiente.
”Atlas Vitrified Blastocysts in human assisted reproduction”,co-écrit par Pierre Vanderzwalmen, coordinateur scientifique au laboratoire de PMA sur le site de Braine-l’Alleud – Waterloo et Cavell (Chirec) et au centre de PMA du Prof. Zech á Bregenz (Autriche).
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